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VIE DE MÉLANIE

lui répondrez que vous avez la permission. »

Je marchais toujours avec mes méchantes bêtes sans savoir où je devais aller. Arrivée vers une maison je demande à la personne qui se présente où sont les pâturages communaux. Cette femme fait quelques pas avec moi pour me les indiquer et me dit : « Vous devez être chez le Moine, ce voleur, cet assassin, cet avare ; il n’y a que lui qui aille dans les terres communales ; mais vous ne resterez pas longtemps chez lui. »

J’étais dans une continuelle agitation en gardant ce bétail et toujours dans la crainte de quelque accident de personne, parce que dès que mes taureaux voyaient quelqu’un, ils partaient en courant, passaient dans les blés et gâtaient les récoltes. Et cet état de choses fut à peu près le même toute cette année 1845. Seulement ce premier jour, au moment de m’en retourner, je pensais avec frayeur comment je pourrais m’approcher de ces vaches pour les attacher dans leur étable. Alors me rappelant cette instruction de mon cher et bien aimé Frère : que l’homme avant sa déchéance commandait aux animaux, qu’il était le roi de tout le créé, et que les bêtes les plus féroces par leur nature lui