Page:Calvat - Vie de Mélanie, bergère de la Salette.djvu/263

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
203
VIE DE MÉLANIE

jamais ; demandez-lui si elle veut y aller ». — « Et où est-elle ? » demanda cet enfant en s’approchant de leur lit. « Regardez après mon lit. » Il s’avoisine, regarde en silence, puis il me dit : « Voulez-vous que nous allions voir nos parents à Corps ? » Je répondis : « Je ferais comme veulent mes maîtres. » Mon patron dit : « Laissez-la, nous avons justement aujourd’hui beaucoup d’ouvrage, elle ira un autre jour. »

Arrivé à Corps, cet enfant fit à ses parents et aux habitants du bourg la description de mon cher lit ; et des personnes allaient à ma mère lui dire que c’était cruauté de me laisser chez ces patrons ; et peut-être aussi exagérait-on. Quoi qu’il en soit ce petit garçon rentra trop tard chez ses patrons pour venir chez les miens ; ce ne fut que quatre ou cinq jours après qu’il vint et leur dit que ma mère étant malade avait besoin de moi ; qu’il fallait qu’on me laissât partir. Mes patrons alors me dirent : « Vous avez entendu cet enfant ? C’est bien fâcheux que votre mère soit malade, il semblait que vous êtes faite pour nous ; promettez-nous de revenir aussitôt que votre mère sera mieux. » Et je partis en demandant de temps en temps le chemin pour Corps.