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VIE DE MÉLANIE

tence. Oh ! mon très cher et très Révérend Père, ayez pitié de ma pauvre âme, priez, oui, priez pour moi, je vous le demande par charité ; priez pour moi, je suis si malheureuse de ne pas aimer mon bon Dieu comme je voudrais l’aimer !

Le quatrième jour, j’eus un lit pour moi seule ! Mon très Révérend Père, est-ce que le bon Dieu ne me grondera pas de mettre sur ce papier la moindre piqûre que j’ai soufferte ?.. Mon Dieu, que cette obéissance me coûte !

Le soir on me dit que maintenant j’avais un lit pour moi ; je remerciai mes patrons. L’heure venue, je demandai où l’on avait mis mon lit, on me le fit voir : il était au pied du leur en dehors bien entendu. Quand ils furent couchés et que la lampe fut éteinte, je me couchai… comment faut-il dire ? Ce ne fut que le matin que je regardai et contemplai ce lit : c’était un petit bassin en bois qui avait servi pour donner à manger et à boire à un tout petit cochon que mes patrons voulaient élever et qui mourut. Ce bassin creusé dans un arbre n’était ni assez long ni assez large pour que je me couche dedans ; avec deux clous il était fixé au fond du lit et par dessous, au milieu, il était soutenu à un ou deux pieds de terre par un bâton. Pas de coussin, pas de draps

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