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VIE DE MÉLANIE

être l’opportunité d’y faire revenir ma mère, quand il serait parti pour son travail. Après que des personnes m’eurent lavée, ma mère décida que je devais m’en retourner, mais ensuite, me voyant la face trop enflée, elle me dit de rester. Plus tard dans la matinée, les voisins dirent que mon père était allé à son ouvrage ; alors nous nous retirâmes tous à la maison, ou, à part les quelques reproches que justement je méritais, on vécut presque un mois assez pacifiquement. Dieu soit béni de tout !

Après une absence d’un mois ou deux, mon cher père revint de son travail et on ne parla pas de la bourrasque passée. Lorsqu’il repartit, il recommanda à ma mère de me soigner parce que, disait-il, j’étais faible et maladive. Ma chère mère fut peinée de cette attention de mon père : elle crut que je m’étais plainte et me traita comme elle croyait. D’ailleurs je ne savais pas que je fusse faible ni maladive. Vive Dieu !

Malgré mes méchancetés, le Seigneur des vertus et des grandes miséricordes ne me délaissait pas ; j’entendais dans l’intime de mon cœur sa voix douce, sonore, claire et suave, qui me mouvait d’un grand désir de l’aimer, de me sacrifier toute, toute, pour son pur amour, ce