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VIE DE MÉLANIE

ce changement de lit ne fut que pour quelques nuits. Mon père ne vint pas. Le jeudi suivant il envoya dire qu’il ne viendrait que vers le 15 février, parce qu’alors il aurait définitivement terminé son ouvrage dans ce pays. Alors par l’ordre de ma mère je retournai prendre ma place sous le lit. J’étais bien aise et bien contente, parce que j’étais persuadée qu’ainsi le voulait pour moi la Sagesse incréée qui règle toutes choses. Qu’il est triste que j’aie perdu toutes les années de ma première jeunesse sans prier, tandis que j’en avais si bien le temps ! Eh ! je ne priais pas mon Dieu, mon divin Maître, le Dieu des vertus !

Pendant que de nouveau on attendait mon père, arriva ma maîtresse pour me conduire chez elle pour cette année 1842. Il est facile de comprendre que ma chère mère me donna avec plaisir pour avoir la paix pendant un an. Je partis donc ; les montagnes étaient couvertes de neige, je ne pouvais pas même sortir avec les brebis, on m’occupait un peu dans la maison et dans les écuries.

Après deux ou trois semaines, ma maîtresse m’envoyait presque tous les jours porter le dîner à un homme qui travaillait dans une carrière de pierres. La première fois, elle m’avertit de ne pas

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