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VIE DE MÉLANIE

d’offenser mon amoureux Sauveur, ou d’être cause qu’il fût offensé, m’était une douloureuse amertume.

Le lendemain, qui devait être un dimanche, mon père, en mettant une chemise, s’aperçut qu’il manquait un bouton à une manche et demanda à ma mère une autre chemise. Pendant ce temps, en toute hâte, j’allai prendre la chemise où manquait un bouton pour aller le coudre en mon particulier. Quand mon père eût mis la seconde chemise que ma mère lui avait donnée, il vit qu’un bouton manquait sur la poitrine ; il s’enleva la chemise avec impatience, en disant à ma mère : « Si je me suis trompé quand je vous ai prise pour femme, Dieu me le fait bien payer ; vous n’avez jamais été une femme de ménage, vous ne le serez jamais, etc. » Aussitôt je courus à mon père avec la chemise arrangée, en lui disant : « Papa, cette chemise a tous les boutons, voyez, regardez-la bien. » Je croyais adoucir mon père, ce fut le contraire !… Il s’irrita davantage contre ma chère mère, pour sa négligence à faire son devoir dans son ménage, envers son mari et envers ses enfants, etc., et termina en disant : « Quand la sœur aura dix ans, je te renverrai chez tes