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VIE DE MÉLANIE

pas grande attention à cela ; mon esprit était occupé à ce que je pourrais faire pour correspondre aux bienfaits de mon très amoureux Jésus, parce que j’avais faim et soif de la souffrance, sans jamais souffrir. Oh ! que cet état est cruel !

Dans l’après-midi, la Maîtresse d’école m’appela dans sa chambre en me disant : « Venez que je vous ôte au moins les cheveux que vous vous êtes coupés. » Pendant qu’elle m’arrangeait, mon père frappa à la porte et entra (ce devait être un samedi, puisque mon père était dans le pays). Alors la Maîtresse dit à mon père que j’étais devenue vindicative d’une manière incroyable et lui raconta le fait de la coupure de mes cheveux. Mon père se montra un peu incrédule et ne pouvait pas se convaincre que j’avais une si grande méchanceté. Il me fit venir près de lui et, avec calme et douceur, il me demanda qui m’avait coupé les cheveux. Je ne répondis rien pour ne pas occasionner du déplaisir à ma chère mère. Mon père insista et me redemanda qui m’avait peignée. Je répondis : « La Maîtresse. » — « Et qui te les a coupés ? » Je gardais le silence. « Dis-moi qui t’a coupé les cheveux, obéis, parle. » Je répondis : « C’est Julie. » Mon père