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VIE DE MÉLANIE

ainsi que mes prières pour les dieux de la terre.

Quand je fus entièrement rétablie, je fus plus d’une fois encore mise dehors par ma chère mère que je ne cessais d’affliger. Mais alors je me retirais avec joie dans le bois où je savais rencontrer mon cher Frère qui aimait bien le bon Dieu et qui m’apprenait à l’aimer et qui était si bon ! Pour l’ordinaire, quand, la nuit venue, je me couchais sur l’herbe pour dormir, je me couchais et m’endormais les bras en Croix. Plusieurs fois la neige tombait pendant la nuit et me couvrait entièrement. Mon Frère venait vers moi le matin et m’appelait de sa douce voix. Aussitôt la Sauvage se réveillait en appelant son bon Frère qui, en lui donnant seulement la main pour l’aider à se mettre debout, faisait disparaître la neige. La première fois je demandai à mon bien-aimé Frère comment il avait fait pour m’enlever toute cette farine froide et me sécher : « Par la prière à notre bon Dieu », me dit-il. — « Ah ! oui, oui, lui dis-je, vous l’aimez beaucoup, votre bon Dieu Jésus-Christ, voilà pourquoi il vous a vite écouté ; quand je l’aimerai comme vous beaucoup, beaucoup, il m’écoutera aussi vite, à cause qu’il nous aime tant. »

La Sauvage avait environ quatre ans lorsqu’elle