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III



Ainsi Bermudez de Castro, Cressot, Dubois, Maron, Bénézit, Fage, Rabuan, auxquels il faut ajouter les noms plus sonores de Louis Ménard, de Flotte, Thalès Bernard, composent la liste des membres qui formaient autour de Leconte de Lisle le cénacle littéraire et robespierriste. Pour éprouver à sa valeur tout nouveau venant, on lui parlait de Blanqui. Si sa réponse était admirative, il était considéré comme un « bon » ; sinon, pas d’amitié possible ; les distances étaient gardées rigoureusement. Ce clan, formé par la politique, ne valait pas en renom le clan de haute littérature qui se groupait autour de Baudelaire et qui réunissait Théodore de Banville, Pierre Dupont, Henry Mürger, etc. Toutefois, dans celui-ci, chacun des membres se plaçait le premier, ne donnant à Baudelaire, sauf Baudelaire lui-même, que la seconde place, tandis que les compagnons de Leconte de Lisle, à part Thalès Bernard, lui décernaient la suprématie.

Thalès Bernard était alors secrétaire de l’helléniste Philippe Le Bas, dont le père, conventionnel, vivant dans l’intimité de Robespierre, avait épousé l’une des plus jeunes filles du menuisier Duplay. Membre du comité de Sûreté générale, noble caractère, le vieux Le Bas avait demandé, lors du 9 thermidor, à partager le sort du « grand Tribun » et s’était tué d’un coup de pistolet dans la nuit du 9 au 10. Le fils qu’il laissait, âgé seulement d’un an, servit