Page:Calmettes - Leconte de Lisle et ses amis, 1902.djvu/241

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


À la nue accablante tu
Basse de basalte et de laves
As même les échos esclaves
Par une trompe sans vertu

Quel sépulcral naufrage (tu
Le sais écume mais y braves)
Suprême une entre les épaves
Abolit le mât dévêtu

Ou cela que furibond faute
De quelque perdition haute
Tout l’abîme vain éployé

Dans le si blanc cheveu qui traîne
Avarement aura noyé
Le blanc enfant d’une sirène


Eh bien, quoi qu’une telle ombre ne se fût pas encore répandue sur ses demi-clartés, certains parents se préoccupaient cependant de savoir si M. Mallarmé « professait comme il écrivait ». Dès lors il eut la révélation d’une sorte de malentendu grave avec le monde, et la suspicion, qu’il sentit sourdre autour de son enseignement, augmenta son malaise sous le regard des Universitaires de grade qui le considéraient en intrus. Il ne fut à peu près heureux qu’au jour où sa retraite par anticipation le rendit entièrement à la solitude paisible dont avait besoin son rêve. À la fois inférieur et supérieur à son poste, il était, dans ses rapports avec l’Université, comme l’exception sortant de la règle. Le proviseur s’empressa de faire libeller tous les certificats désirables, un constat de maladie contractée dans le service (Mallarmé pendant trois années avait souffert de rhumatismes) ; et les deux mille cinq cents francs de la retraite vinrent s’ajouter à la pension d’homme de lettres dont Mallarmé jouissait depuis une dizaine d’années et que l’amitié de Roujon avait fait élever jusqu’à dix-huit cents francs. Ce fut la liberté conquise, mais la