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XI



Mais vais-je suivre Villiers dans le déroulement de ses colères contre Coppée. Sans doute la considération dont jouit Coppée ne saurait que gagner à ce rappel des luttes d’antan, car les renommées les plus discutées sont aussi les plus solides. Toutefois, par une tardive évolution, à l’âge des assagis, Coppée s’est récemment jeté dans la fièvre d’action que sa jeunesse prudente avait évitée. Son humeur batailleuse, se manifestant au moment où ses forces physiques semblaient sérieusement atteintes, a surpris ses amis. Ses ennemis ont accablé sous le ridicule ce départ en guerre du poète que la vieillesse approchante et la menace des infirmités ont rejeté dans « les rangs caduques des bien-pensants » ; mais, quoique les vivacités littéraires de Villiers dussent paraître singulièrement douceâtres en comparaison des injures effrénées usitées dans la politique, je me reprocherais une insistance dont l’intention risquerait d’être faussement interprétée.

Je me contenterai donc de rappeler la boutade caractéristique, qui du moins a l’avantage de clore par un vers la vieille querelle poétique. C’était en 1872 ; on sortait de l’Odéon après la première représentation du Rendez-Vous, que Pierre Berton et Marie Colombier avaient joué, dans le ton qui chatouille les nerfs du public, en appuyant sur la corde du sentiment. Je ne me souviens pas de la pièce entière, mais la scène principale m’est demeurée dans l’esprit parce que c’est