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tique figariste. Il ne fallait pas risquer d’offrir l’occasion d’un trop beau rôle à l’ancien champion républicain.

Je ne répéterai pas les épithètes dont Leconte de Lisle salua ce renoncement. Il put se flatter d’une victoire, la première qu’il eût encore remportée ; mais déjà, depuis trois ans, il n’était plus seul à combattre. Son studieux isolement, la hantise sublime de son culte pour la langue sacrée, pour « le saint idiome des vers », et précisément l’absolutisme de ses préfaces, qui revendiquaient avec une intraitable hauteur la prééminence d’une élite spirituelle en déniant à la foule toute qualité pour juger le Beau, les insultes falotes et les colères intéressées qu’il avait déchaînées par cette position prise de prêtre révolté, ses audaces et ses défaites venaient enfin d’attirer et de serrer autour de lui, comme premiers volontaires d’un bataillon d’alarme, quelques jeunes gens enthousiastes de leur art et prêts à toutes les luttes pour en affirmer les principes et pour en faire triompher la formule.