CHAPITRE XII.
Suite du raiſonnement du glaneur Hollandais.
EN examinant le récit de la mort des prétendus Martyrs du Vampiriſme, je découvre les ſymptômes d’un fanatiſme épidémique, & je vois clairement que l’impreſſion que la crainte fait ſur eux, eſt la vraie cauſe de leur perte. Une nommée Stanoska fille, dit-on, du Heiduque Sovitzo, qui s’étoit couchée en parfaite ſanté, ſe réveilla au milieu de la nuit toute tremblante & faiſant des cris affreux, diſant que le fils du Heiduque Millo, mort depuis neuf ſemaines, avoit manqué de l’étrangler pendant ſon ſommeil. Dès ce moment elle ne fit que languir, & au bout de trois jours elle mourut.
Pour quiconque a des yeux tant ſoit peu philoſophiques, ce ſeul récit ne doit-il pas lui montrer, que ce prétendu vampiriſme n’eſt qu’une imagination frappée. Voilà une fille qui s’éveille, qui dit qu’on a voulu l’étrangler, & qui cependant n’a point été ſucée, puiſque ſes cris ont empêché le Vampire de faire ſon repas. Elle