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REVENANS EN CORPS.

Il y a quelques années qu’à Bar-le-Duc un homme ayant été inhumé dans le cimetiere, on ouit du bruit dans ſa foſſe : le lendemain on le déterra, & on trouva qu’il s’étoit mangé les chairs des bras ; ce que nous avons appris de témoins oculaires. Cet homme avoit bû de l’eau de vie, & avoit été enterré comme mort. Rauff parle d’une femme de Boheme[1] qui en 1355. avoit mangé dans ſa foſſe la moitié de ſon linceul ſépulchral. Du tems de Luther un homme mort & enterré, & une femme de même, ſe rongerent les entrailles. Un autre mort en Moravie dévora les linges d’une femme enterrée auprès de lui.

Tout cela eſt fort poſſible ; mais que les vrais morts dans leurs tombeaux remuent les mâchoires, & ſe divertiſſent à mâcher ce qui ſe trouve autour d’eux, c’eſt une imagination puérile, ſemblable à ce que les anciens Romains diſoient de leur Manducus, qui étoit une figure groteſque d’homme ayant une bouche énorme, avec des dents proportionnées, que l’on faiſoit mouvoir par reſſorts & craquer les dents les unes contre les autres, comme ſi cette figure famélique

  1. Rauff, art. 42. pag. 43.