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DISSERTATION SUR LES

fort bien tout ce qu’on diſoit d’elle, & ſçavoit qu’on vouloit l’enſévelir ; mais ſon engourdiſſement étoit tel, qu’elle ne pouvoit le ſurmonter, & auroit laiſſé faire tout ce qu’on auroit voulu ſans la moindre réſiſtance.

Ceci revient à ce que dit ſaint Auguſtin du Prêtre Prétextat, qui dans ſes abſences d’eſprit & ſes ſyncopes entendoit comme de loin ce qu’on diſoit, & cependant ſe ſeroit laiſſé brûler & couper les chairs ſans oppoſition & ſans aucun ſentiment.

Corneille le Bruyn[1] dans ſes voyages raconte qu’il vit à Damiette en Egypte un Turc qu’on appelloit l’Enfant mort, parce que ſa mere étant groſſe de lui, tomba malade, & comme on la crut morte, on l’enterra aſſez promptement, ſuivant la coûtume du pays, où l’on ne laiſſe que peu de tems les morts ſans les enterrer, ſur-tout en tems de peſte. Elle fut miſe dans un caveau que ce Turc avoit pour la ſépulture de ſa famille.

Sur le ſoir, quelques heures après l’enterrement de cette femme, il vint dans l’eſprit du Turc ſon mari, que l’enfant dont elle étoit enceinte pourroit bien être encore vivant ; il fit donc ouvrir

  1. Corneille le Bruyn. t. I. pag. 579.