Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 2, 1751.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
190
DISSERTATION SUR LES

Chevalier de Gotot m’a dit que Desfontaines eſt auſſi apparu à M. de Menil-Jean. Mais je ne le connois point ; il demeure à vingt lieues d’ici du côté d’Argentan, & je ne puis en rien dire de plus.

Voilà un récit bien ſingulier & bien circonſtancié rapporté par M. l’Abbé de S. Pierre, qui n’eſt nullement crédule, & qui met tout ſon eſprit & toute ſa philoſophie à expliquer les évenemens les plus extraordinaires par des raiſonnemens phyſiques, par le concours des atômes, des corpuſcules, les écoulemens des eſprits inſenſibles & de la tranſpiration. Mais tout cela eſt tiré de ſi loin, & fait une violence ſi ſenſible aux ſujets & à leurs circonſtances, que les plus crédules ne ſauroient s’y rendre.

Il eſt ſurprenant que ces Meſſieurs qui ſe piquent de force d’eſprit, & qui rejettent avec tant de hauteur tout ce qui paroît ſurnaturel, ſoient ſi faciles à admettre des ſyſtêmes philoſophiques beaucoup plus incroyables, que les faits mêmes qu’ils combattent. Ils ſe forment des doutes ſouvent très-mal fondés, & les attaquent par des principes encore plus incertains. Cela s’appelle réfuter une difficulté par une autre, réſoudre un doute par des principes encore plus douteux.