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REVENANS EN CORPS.

n’y avoit que ſix ſemaines que j’avois reçu de ſes lettres, lorſqu’il m’arriva ce que je m’en vais vous conter.

Le 31 Juillet 1697. un Jeudi, il m’en ſouviendra toute ma vie, feu M. de Sortoville, auprès de qui je logeois & qui avoit eu de la bonté pour moi, me pria d’aller à un pré, près des Cordeliers, & d’aider à preſſer ſes gens qui faiſoient du foin ; je n’y fus pas un quart d’heure, que vers les deux heures & demie je me ſentis tout d’un coup étourdi, & pris d’une foibleſſe : je m’appuyai envain ſur ma fourche à foin, il fallut que je me miſſe ſur un peu de foin, où je fus environ une demi-heure à reprendre mes eſprits. Cela ſe paſſa ; mais comme jamais rien de ſemblable ne m’étoit arrivé, j’en fus ſurpris, & je craignis le commencement d’une maladie : il ne m’en reſta cependant que peu d’impreſſion le reſte du jour ; il eſt vrai que la nuit je dormis moins qu’à l’ordinaire.

Le lendemain à pareille heure, comme je menois au pré M. de S. Simon petit fils de M. de Sortoville, qui avoit alors dix ans, je me trouvai en chemin attaqué d’une pareille foibleſſe ; je m’aſſis ſur une pierre à l’ombre. Cela ſe paſſa, & nous, continuames notre chemin : il