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réservés, s’y attirer la sympathie de son Directeur, l’amitié et le respect de ses collègues et l’affection de ses élèves. Comme me le disait M. Wiriath, le directeur de l’École, un homme qui s’y connaît en hommes, dans un milieu où les idées religieuses n’étaient pas précisément en honneur, mais où l’on savait rendre un juste hommage aux convictions sincères, Jean-Pierre Calloc’h pratiquait sans ostentation, mais aussi sans la moindre fausse honte. Il y jouait même aussi le rôle de directeur de conscience à l’occasion ; c’est ainsi que parmi ses papiers j’ai retrouvé une lettre très curieuse d’un de ses anciens élèves, avec lequel il était resté en relations épistolaires après son départ à la guerre. Ce jeune homme y parle philosophie avec une fougue et une emphase naïves et discute les grands problèmes qui la confondent avec une amusante désinvolture ; il écrit même à son ancien maître que ce qu’il avait pris pour son système philosophique n’était, il le voyait bien d’après sa dernière lettre, que des lambeaux de scolastique et de religion ! Il serait assez intéressant de lire la réponse de Calloc’h à cette boutade du jeune philosophe.

Nous avons dit que Calloc’h était une des figures, une des valeurs du mouvement breton. Pour bien comprendre le poète et son œuvre, il nous faut dire en quelques mots rapides ce en quoi consistent les idées bretonnes auxquelles j’ai déjà fait allusion. Comme on le sait, la Bretagne qui ne fut réunie qu’assez tard à la France — l’absorption de l’une par l’autre n’eut lieu en réalité qu’à l’époque de la Révolution — la Bretagne, dis-je, a conservé plus que nulle autre province une originalité très accusée et