Breton et en chrétien. Le capitaine de l’ « Aquilon », lui-même, M. Eugène Even, me disait que la grande préoccupation de son ami Jean-Pierre était de rechercher les mots bretons les plus anciens pour en enrichir le vocabulaire moderne courant. Souvent, dans ses moments de loisir, au large, il jouait à l’équipage assemblé quelques airs sur la flûte, principalement des airs bretons et religieux ; bien souvent aussi, il restait seul dans ses réflexions et interrogeait muettement l’immensité qui l’entourait sans que l’équipage osât le déranger.
À Paris, il avait aussi ses moments de liberté, mais il les occupait d’une manière qui n’est pas commune à beaucoup de jeunes gens, c’est-à-dire à la prière, à l’étude, aux recherches dans les bibliothèques. Il s’intéressait extrêmement à l’histoire de son île natale et était toujours à l’affût des documents y ayant trait. Pendant tout ce temps, il espérait parfois et désespérait plus souvent de pouvoir atteindre l’objet de ses vœux : l’ordination et l’église paisible dans une de nos calmes campagnes bretonnes. C’est au cours de son service militaire, accompli comme soldat auxiliaire à Vitré, qu’il apprit qu’il devait renoncer définitivement à ses espoirs et il ne se consola jamais de leur naufrage.
Néanmoins, il était chef et soutien de famille et il ne lui fallait pas se décourager. À sa sortie du régiment, il rentra donc dans l’enseignement comme surveillant pour pouvoir préparer sa licence. Au moment où la guerre éclata il était maître-surveillant à l’école Supérieure de Commerce et d’Industrie de Paris. Il avait su, en dépit de ses abords froids et