finisse cette lettre dans laquelle je vous entretiens de mes chers morts : c’est un flot de souvenirs qui me monte au cœur avec un flot de larmes, et je suis en étude du soir, après la promenade faite par mon confrère, devant vingt-cinq petits mousses qui ne bronchent pas ; il ne faut pas qu’ils s’aperçoivent que leur maître, leur « ennemi », a grand besoin de pleurer. Pauvres chers bambins ! Ils me trouvent sévère, grâce aux dix minutes d’arrêt que je leur lance à tort et à travers. J’ai même donné un pain sec. Que Dieu et la Très Sainte Vierge m’inspirent les meilleurs moyens de faire du bien à leurs petites âmes. Chaque matin, j’offre à Dieu, pour elles, mes souffrances ». Jean Calloc’h fut, en effet, toujours à la recherche des moyens de faire du bien autour de lui et de communiquer ses convictions religieuses et bretonnes aux personnes avec lesquelles il entrait en contact. En ce sens, il avait véritablement une âme d’apôtre.
À l’époque des vacances, c’était une joie profonde pour lui que de pouvoir venir se retremper dans l’air natal et revoir sa chère île ; il vivait alors de la vie du marin et s’embarquait souvent pour les campagnes de pêche au thon, qui est celle préférée des Groisillons. Une des poésies de ce recueil racontent les misères et les déboires de ce dur métier ; c’est celle qui a trait à la croisière de l’ « Aquilon » mais il aimait cette vie qui avait été celle de son père et de ses ancêtres, et puis, comme il n’était pas riche, cela lui permettait parfois de faire des gains assez appréciables et d’aider ainsi sa famille. Il vivait à bord des robustes bateaux groisillons, comme ailleurs, en