Mais je ne veux point attendre davantage pour vous remercier de la bonté de votre accueil. Aux temps passés, le barde, pour remercier, chantait une chanson. Je vous envoie donc une fin de poème, celui que j’aime le mieux parmi le peu que j’ai écrit[1]. Non point à cause de la forme, mais à cause du sujet. Cette chapelle des Bénédictines, que j’ai connue grâce aux livres de Huysmans, est le lieu du monde où j’ai le plus pleinement goûté la paix.
J’habite, en région délivrée, un pan d’église. Elle était en briques, et toute neuve. Une ruine maintenant. Seul, dressé sur un mur entouré de décombres (ornements sacrés, candélabres, poutres, bancs, pierres), un grand Christ est resté intact. J’ai aimé ce symbole. N’est-ce point l’Europe d’aujourd’hui, cette église-là ?
Ceux qui n’ont point vu ne sauraient se faire une idée de la désolation d’ici. Des villages entiers ont été littéralement rasés par ces brutes. Pour une fois, les journaux n ont pas exagéré, ils ne pourraient. Maintenant je souhaite que nous allions chez eux, pour détruire aussi. De pareilles choses appellent le talion, sans plus.
Veuillez, je vous en prie, présenter mes remerciements respectueux à Mme Bazin pour l’aimable invitation qu’elle a bien voulu me faire de revenir. Je tâcherai. Parce que je suis un sauvage, une telle promesse me coûtait avant que je sois allé chez vous. Maintenant ce n’est la plus la même chose.
Veuillez, Monsieur, agréer l’expression de mes sentiments respectueux.
Monsieur, j’ai lu Gingolph. Son enfance fut un peu la mienne : courir la côte, chercher des vers pour aller à la pêche, ces souvenirs en foule, et je l’en ai aimé davantage.
- ↑ L’Île des Anges (Chapelle des Bénédictines, rue Monsieur), Fin des « Trois sanctuaires, Trois prières ».