celles-ci furent nombreuses et pénibles. Tout d’abord, ce fut son mari qui mourut noyé au Croisic, à la suite d’un accident, un soir qu’il lisait à bord de son bateau. Jean-Pierre était alors au séminaire et n’avait que quatorze ans ; puis ce fut ses deux filles qui, après avoir donné les plus belles espérances, moururent successivement après une longue et cruelle maladie ; ce fut ensuite l’état de santé de Jean-Pierre lui-même qui donna des inquiétudes sérieuses à un moment et l’empêcha d’accomplir le rêve de sa vie, c’est-à-dire l’entrée dans les ordres après de solides et brillantes études ; ce fut enfin le coup terrible de sa mort et, aujourd’hui même la malheureuse femme n’a pas encore achevé de gravir son dur calvaire. Ah ! que le souvenir des premières années de son ménage, alors que toute la maisonnée heureuse et nombreuse disait en commun la prière du soir autour du foyer familial doit être à la fois cher et douloureux à la mère du barde breton et qu’il doit lui sembler lointain !
Dès l’âge de deux ans et demi, Jean-Pierre fut envoyé à l’école chez les Sœurs ; de là, à six ans, il passa chez les Frères, où il resta quatre ans ; comme il montrait beaucoup d’intelligence et d’application, un prêtre, l’abbé Leroux, lui donna des leçons particulières et, à onze ans, il obtint d’entrer au petit séminaire de Vannes ; à 16 ans, il passa son baccalauréat ès-lettres et l’année suivante quitta le séminaire. Entre temps, il avait perdu son père, comme nous l’avons vu plus haut, mais Dieu lui en avait donné un autre en la personne de l’abbé Corignet, alors vicaire à Groix et qui pleure aujourd’hui en lui celui qui fut son fils adoptif.