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Un plan d’action immédiate après la guerre, je vous l’exposerai plus tard. J’ai déjà eu l’occasion d’en dessiner les grandes lignes avec Mocaër. Il faudra agir dès la cessation des hostilités afin de ne pas laisser la Belle se rendormir. Avec de la bonne volonté et de la ténacité nous arriverons. Il faut que nous arrivions.

Je suis pressé, ayant d’autres lettres à faire. Il fait nuit. Des balles errent dans le bois, que la lune nouvelle éclaire curieusement. Les canons causent. Des mottes de terre contre ma porte à l’instant : une bombe vient d’éclater à quelques dix mètres. On a l’habitude ; on s’en f…

Et j’ai confiance en Dieu qui me garde.

En attendant, continuez d’apprendre la vieille langue, et croyez-moi

Votre tout dévoué latin.

BLEIMOR.



À M. Lucien Douay.

Au bivouac, le 29 Septembre 1915
Cher Lucien,

Merci de votre dernière carte, qui m’a bien fait plaisir. Peut-être celle-ci est-elle la dernière que je vous écrirai avant longtemps. Oh ! je ne sais rien de précis. Nous n’avons pas d’ordre jusqu’à présent. Mais si vous avez eu la joie de lire les communiqués sur les affaires de Champagne et d’Artois, vous comprendrez aisément que nous pouvons être d’un moment à l’autre, appelés à l’honneur de marcher. Quel beau jour ce sera !

Un frémissement de joie court les tranchées, quand nous recevons, — un jour avant les civils — des précisions sur notre offensive. On a hâte de sauter aussi le parapet