Lettre adressée à M. Pierre Mocaër.
- Cher ami,
J’apprends par l’Action Française d’hier que vous venez, au cercle de Lorient, de faire une conférence sur le Nationalisme breton. Félicitations. Si vous avez écrit cette conférence, je serais bien heureux d’en avoir communication[1]. Je vous la renverrai, avec annotations s’il y a lieu. Comme je ne suis pas sûr de revenir de la guerre, je partirai heureux si j’ai pû m’expliquer et m’entendre définitivement là-dessus avec vous.
En même temps, si vous pouvez me donner des nouvelles des amis à la bataille, cela me fera plaisir. Nous sommes hors du monde ici ; on ne sait rien de la Bretagne.
Notre examen commence le 27 Juillet, paraît-il, pour se terminer le 10 Août. Je serai donc à Lorient, je l’espère, entre le 10 et le 15. Pourrions-nous nous rencontrer ? J’aurais à vous confier en dépôt un modeste manuscrit (une trentaine de poésies bretonnes) à publier au cas où je ne reviendrais pas. Si je reviens, je vous le reprendrai et m’occuperai moi-même de la publication. Ce sera tout ce qui restera de moi au cas où je laisserais ma peau dans l’aventure.
J’ai été très affecté de la mort d’Ely-Monbet. C’est une grosse perte pour nous, une perte irréparable[2].
F… n’a pas bougé de Paris. R. Le Roux a été appelé dans le service auxiliaire. Il est à Majic-City.
- ↑ Cette conférence a été publiée en 1916 sous le titre : La Question Bretonne, Régionalisme et Nationalisme (Le Bayon-Roger, Lorient).
- ↑ Le capitaine de réserve Ely-Monbet, tombé glorieusement à l’ennemi, était bien connu dans le mouvement breton. C’était un sculpteur d’un goût très sûr et très fin, qui s’inspirait des motifs traditionnels celtiques.