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Néanmoins, on ne nous laisse pas dormir. Le jour qui suit notre arrivée à Trosly, un ordre du colonel me donne 125 hommes pour aller dans la forêt couper des arbres pour les gourbis des tranchées. Je passerai là-bas mes dix jours de repos.

Bien que j’ai voyagé dans beaucoup de pays, je n’avais jamais encore vu une véritable forêt. Celle de Compiègne, je l’ai aimée de suite. Cela vaut la peine d’être venu ici se reposer et rêver quand les rayons réconfortants du soleil d’été se glissent à travers les branches. « Sous le chêne ! », comme chante notre Philomène[1] sur un air de Bourgault-Ducoudray… À vrai dire, il n’y a ici que des hêtres. Mais ils sont si hauts, leur lierre est si riche que vous avez pour eux le même respect que les druides avaient pour les chênes.

Des coups de hache, et la scie travaille. Pendant que travaillent mes hommes, je suis assis sur un rocher couvert de

  1. Philomène Cadoret, auteur de Mouez Meneiou Kerné (La Voix des Montagnes de Cornouaille), recueil de poésies en langue bretonne.