Toute la nuit j’ai dormi, d’un sommeil reposant. Les canons boches ont tiré sur notre tranchée, ils nous ont blessé un homme, et je n’ai rien entendu, tant était profond mon sommeil. C’est un métier terrible que celui-ci.
Mes hommes sont tous Cornouaillais. Gens de cœur, travailleurs solides. C’est une joie pour moi que de me trouver au milieu de mes frères de Basse-Bretagne, à qui je puis parler breton tous les jours. Aujourd’hui, je vois de mes propres yeux que ce n’est pas mensonge ce qu’on en dit dans tout l’univers. Ce sont des géants, mes hommes, vrais fils de ces chevaliers qui abandonnaient pays et famille, sautaient sur un cheval et allaient mourir à la Croisade.
La guerre a fait du bien aux Bretons. Au lieu d’avoir honte de leur origine, ils lèvent fièrement la tête aujourd’hui. L’orgueil de la race, qui s’était endormi il y a cent-vingt ans dans la tombe du dernier Chouan, s’est réveillé à la