Comme une lune de deuil et de terreur, aveuglant chaque soleil de sa splendeur sauvage,
Au-dessus des horizons méprisables de la catin Europe,
La face sanglante de la Guerre !…
Comme les chanteurs de la Bonne-Nouvelle, qui vont par la Bretagne, de porte en porte, à la fête bénie de Noël,
— En souvenir des anges qui annoncèrent la paix aux hommes la première nuit de l’Age chrétien, —
J’ai cherché mes frères, ce soir, pour leur dire les souhaits du barde.
Et je n’ai trouvé personne à la maison.
Les douces maisons de la Celtie sont vides, à part quelques foyers, de-ci, de-là, où le feu depuis longtemps est éteint
Et devant lesquels on voit pleurer de pauvres femmes, et de petits enfants qui songent, qui songent.
O mon Dieu, quelle peste a passé sur ce pays-ci ?
Celte de la Haute-Ecosse, où es-tu ? Et toi, Celte d’Irlande ? Où donc es-tu, Celte de Galles ? O Celte de Bretagne, mon sang, où es-tu ?
Elles sont vides, les douces maisons de la Celtie ! Comme le soleil de l’été se levait sur la vallée, les hommes sont partis avec leurs épées.
Je ne dors plus. Il y a une voix, dans la nuit d’hiver, qui m’appelle, une voix étrange…
Bientôt je serai dans la tuerie. Quels signes y a-t-il sur mon front ? Année nouvelle, verrai-je la fin ?
Et qu’importe ? Que ce soit tôt ou tard, quand l’heure viendra d’aller vers le Père, j’irai joyeux : Jésus sait consoler les mères.
Sois bénie, année nouvelle, quand bien même, au milieu de tes trois cent soixante-cinq jours, il y aurait mon dernier jour.
Sois bénie ! Car plus de cent années ont passé sur ce pays,
sans avoir connu autre chose que la colère de Dieu, et tu contempleras,
toi, sa miséricorde.
Cette poésie concise, pleine, humaine et divine, c’est-à-dire complète, qui nous la rendra ? Elle seule émeut les cœurs, les élève, est assurée de vivre par eux. Et celui qui chantait ainsi est mort !
Ah ! jeunes gens qui grandissez après ceux-là, et qui