Page:Calendrier de la Paroisse Saint-Jean de Libourne 1895.pdf/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.

On a eu vraiment tort, je ne sais à quelle époque, de la faire peindre et de la polychromer. Pourquoi n’avoir pas respecté ce qui fait le mérite de nos madones miraculeuses, ce qui nous les rend encore plus chères et plus vénérables, à savoir : cette noirceur qui atteste l’antiquité du culte qu’on leur a rendu ? Essayez de peindre les vierges noires de Chartres, de Fourvières, du Puy, de Verdelais et de tant d’autres sanctuaires ; essayez de les rajeunir ainsi, vous amoindrirez immédiatement la piété des fidèles et vous enlèverez à ces statues une grande partie de cette poésie et de ce charme qui s’attachent précisément à leur vétusté.

Cette statue, qui n’était primitivement qu’un tronc de chêne, fut trouvée, dit une pieuse légende dont nous ne voudrions pourtant pas garantir l’absolue authenticité, mais que nous nous plaisons à mentionner avec ce profond respect que méritent la plupart de nos traditions locales, dans les sillons d’un champ sur la paroisse de Saint-Emilion, où elle avait dû être cachée à l’époque des guerres de religion dans le dessein d’éviter un vol ou une profanation.

Reconnue plus tard pour être la madone de Condat, elle fut transportée et rendue au sanctuaire. La Vierge, sans doute peu flattée de cette prosaïque et trop simple restitution, revint dans son sillon une première, puis une seconde fois. Les religieux gardiens du sanctuaire comprirent alors que la statue miraculeuse réclamait plus d’honneurs et une intronisation plus solennelle. Elle fut en conséquence portée en procession et définitivement installée dans son sanctuaire.

Condat devint à partir de cette époque le rendez-vous de pèlerinages plus nombreux que jamais.

Cette vénérable statue fut sauvée en 1793 par un vieillard, du nom de Saboureau, qui la fit emporter, cachée dans le tablier d’une petite fille, Anne St-Gaudin, épouse plus tard de François Marchand. Dans la suite,