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JOURNÉE II, SCÈNE II.

fabio.

Celui qui ment, ment, comme on dit, dans les duels.

la duchesse.

Qui a-t-il donc envoyé à sa place ?

fabio.

Personne.

la duchesse.

Alors comment a-t-il eu ces lettres ?

fabio.

Ce n’était pas si difficile ! Un homme qui a un démon qui porte et rapporte des billets, peut bien lui demander aussi d’aller et de venir avec des lettres. Voyez-vous, mon maître doit avoir un génie familier, et, en le supposant, je ne mens pas.

la duchesse.

Pour moi, je suis obligée de croire que tu mens.

fabio.

Vous me la donnez belle ! Eh bien, je vous jure Dieu qu’il ne s’est pas en allé, et qu’il a passé toute cette nuit dernière avec sa dame.

la duchesse.

Tais-toi et va-t’en. Voici Laura ; et pour sortir du doute où je suis, je voudrais savoir quelle est cette lettre qu’il lui a remise.

fabio, à part.

Pauvre duchesse ! que Dieu la protège au milieu des soucis qu’elle a de savoir à quelle personne mon maître fait la cour !… Pour lui, vive Dieu ! il a tort de ne pas voir ce qu’elle lui veut. Ah ! ce n’est pas moi qui me ferais ainsi désirer !

Il sort.


Entre LAURA.
laura, à part.

Maintenant que j’ai lu le chiffre, je reviens auprès de la duchesse, afin qu’elle ne s’inquiète pas de mon absence.

la duchesse.

Laura, qu’est-ce donc que vous écrit Célia ?

laura.

Mille folies. Voici sa lettre, madame, si vous la voulez voir. (À part.) Je lui donnerai celle qui était dedans.

la duchesse.

Non, Laura, je n’y tiens nullement. Il est des choses dont j’ai plus à cœur de te parler. — Je vous ai dit hier que j’avais appris d’une manière certaine qu’une dame avait écrit à Frédéric de venir lui parler la nuit suivante.

laura.

Oui, madame.

la duchesse.

Cela m’a d’abord préoccupée à cause du décorum. Puis il y a eu