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JOURNÉE II, SCÈNE I.

frédéric.

Oh ! vienne à présent qui voudra !… Mais non, ils ont tourné la rue.

laura.

Malgré cela, Frédéric, il importe que je ferme la fenêtre, et je me contenterai de vous avertir que beaucoup de gens nous épient.

frédéric.

Il nous sera facile de déjouer cette surveillance.

laura.

Par quel moyen ?

frédéric.

Je vous remettrai demain un chiffre au moyen duquel nous pourrons causer tout haut l’un avec l’autre devant tout le monde, sans que personne s’en doute.

laura.

Ce sera donc un secret dit tout haut ?

frédéric.

Songez seulement à être bien seule quand vous lirez ma lettre.

laura.

Fort bien. Que Dieu vous garde !

frédéric.

Que le ciel prolonge votre vie !

laura.

Ô amour ! que vous me coûtez cher !

frédéric.

Ô Laura ! n’oubliez pas ce que vous me devez !



JOURNÉE DEUXIÈME.


Scène I.

Le parc.
Entrent FRÉDÉRIC et FABIO en habits de voyage, et HENRI.
henri.

Croyez-le, Frédéric, la lettre de la duchesse n’avait aucun but caché ; elle était seulement la réponse à celle qu’elle a reçue de moi. Si elle vous a chargé de la porter, c’était pour qu’elle eût plus d’autorité. Comme j’avais porté l’autre, moi qui me suis dit parent du duc, elle aura pensé qu’il serait convenable de vous charger de la réponse afin que la correspondance fût égale… Il n’y a donc pas à craindre qu’elle me connaisse ; et ainsi, à mon avis, le parti le plus prudent, c’est que vous ayez l’air de revenir de Mantoue, et que