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JOURNÉE I, SCÈNE I.

la duchesse.

Ne demeurez pas ainsi à genoux pendant que je lis sa lettre.

henri, se levant, à part.

Le peintre qui a essayé de retracer ses traits est loin de l’avoir flattée ; elle est bien plus belle encore que son portrait.

lisardo, bas, à Arnesto.

Seigneur, mon père vient d’envoyer les pouvoirs.

arnesto, bas, à Lisardo.

Je suis charmé qu’ils soient arrivés.

flora.

Comme il est élégant, Laura, le cavalier qui vient d’apporter la lettre !

laura.

Je n’y ai pas fait attention.

flora.

Je ne m’en étonne pas, car votre cousin est ici ; vous n’ignorez pas à quel point il vous adore, et que votre père Arnesto traite de votre mariage avec lui, et dès lors ce serait lui montrer peu d’estime que de faire attention à un autre.

laura.

Ce n’est pas non plus mon cousin qui m’occupe ou m’inquiète.

frédéric, à part.

Pendant que la duchesse lit sa lettre, et qu’Arnesto et Lisardo causent ensemble, que l’amour m’inspire de l’audace ! (Bas, à Laura.) Et la lettre ?

laura, bas, à Frédéric.

Je viens de l’écrire.

frédéric, de même.

Comment pourriez-vous me la donner ?

laura, de même.

N’avez-vous pas un gant ?

frédéric, de même.

Si fait.

laura, de même.

Eh bien, au moyen de ce gant, vous pourrez…

frédéric, de même.

Je vous comprends.

arnesto, à Lisardo.

C’est fort bien.

lisardo.

Belle Laura, mon espoir, l’amour va compter chaque moment pour un siècle.

la duchesse, à Henri.

Le duc me dit dans cette lettre que vous êtes son proche parent, et qu’il lui importe que vous soyez quelques jours absent de Mantoue, pendant qu’il arrête les poursuites commencées contre vous à l’occasion d’un duel où l’amour vous a jeté.