Ah ! malheureux ! j’ai manqué l’occasion !
Voici quelqu’un.
Qu’est-ce donc ?
C’est un prisonnier que nous vous amenons.
Seigneur juge, nous avons trouvé, sur la route de Portugal, ce rustre, qui a été domestique de Louis Perez. Il doit savoir de ses nouvelles ; car il a quitté Salvatierra lorsque son maître s’est enfui pour la première fois ; il est revenu avec lui, et maintenant il fuyait.
Voilà de graves indices.
Oui, monseigneur, on ne peut plus graves ; car en Allemagne ou en Flandre, à la Chine ou au Japon, partout où je serai, il y sera aussi.
Eh bien, alors, où est-il à présent ?
Oh ! soyez tranquille, il ne peut pas tarder à paraître. C’est le maître le plus dévoué qui existe, et une fois qu’il me saura prisonnier, il se laissera prendre pour le seul plaisir d’être avec moi.
Mais enfin, où est-il ?
Je ne le sais pas, mais je jurerais qu’il n’est pas loin d’ici.
D’où te vient cette idée ?
C’est que moi y étant, il ne peut pas manquer d’y être. Il m’aime si tendrement, vous dis-je, qu’il faut toujours qu’il soit près de moi… Mais, à parler sérieusement, si je savais où il est, je vous le dirais à l’instant, afin de me mettre à couvert de sa vengeance ; car ce que je crains le plus au monde, c’est mon ancien maître, Louis Perez. Si j’ai quitté ce pays, ç’a été pour me soustraire à sa fureur. Je me suis réfugié en Portugal, et le même jour j’y ai vu arriver Louis Perez ; je me suis sauvé en Andalousie, et le premier homme que j’y ai rencontré, c’est Louis Perez ; je suis revenu en Galice, et aussitôt Louis Perez y est revenu également, et la nuit dernière il m’a laissé pour mort. Délivré des mains de ce démon, j’ai voulu m’échapper, et ces gens-ci, seigneur juge, m’ont rattrapé au pre-