Demeurons parmi ces rochers ; ils nous cacheront à tous les yeux.
Il n’y a pas à délibérer davantage, et nous n’avons plus le choix. Voici qu’on arrive.
Âpres montagnes, soyez le tombeau d’un vivant ; mais soyez silencieuses et discrètes comme la tombe.
Ici, madame, au milieu de ces fleurs, et protégée par ces dômes de verdure couronnés de lauriers et de myrtes, vous pouvez braver la chaleur du soleil. Il n’osera vous poursuivre jusqu’ici ; car les précipices dont nous sommes entourés lui rappellent la chute de Phaéton.
Quelle que soit la chaleur du jour, je ne puis m’arrêter ; la santé de l’amiral réclame mes soins. Cependant je vais ralentir ma marche un moment, et pendant ce temps-là, j’espère, ce nuage qui s’avance se sera interposé comme un voile épais entre nous et le soleil.
En cherchant ces hommes, que le ciel même semble cacher, — car il m’est impossible de trouver le moindre vestige qui me les indique, — j’ai appris, belle Léonor, vos sujets d’inquiétude et votre départ ; et aucune occupation n’a pu m’empêcher de venir mettre à vos pieds l’assurance de mon dévouement.
Vous entendez, Manuel ?
Parlez plus bas.
Étant résolu à infliger à ce traître un châtiment public, dites-moi, trouverai-je jamais une meilleure occasion, puisque dans celle-ci je rencontre à la fois la vengeance et la gloire en défendant mon honneur et celui de mon ami ? Puis-je espérer de trouver jamais de nouveau réunis le juge, la partie et le faux témoin ? Je me montre.
Prenez garde !
J’y suis déterminé. Au péril de ma vie, je défends mon honneur.
Eh bien ! puisque vous êtes résolu à ce point, je ne vous retiens plus. Mais un moment, voici du monde.