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LOUIS PEREZ DE GALICE.

le juge.

Entrez donc, et s’ils se défendent, tuez-les !


Ils entrent TOUS.
manuel.

À eux, Louis Perez !

louis.

À eux, brave Manuel Mendez ! Je vais éteindre les lumières, et nous verrons briller leur courage dans l’obscurité.

Il éteint les lumières.
plusieurs alguazils.

Quelle confusion !

le juge.

Quelle horreur !

louis.

Place, canaille !… place, traîtres et lâches !… Celui à qui doit rester l’honneur de la journée, c’est Louis Perez de Galice !

Ils sortent en se battant.



JOURNÉE TROISIÈME.


Scène I.

Une forêt, près de Salvatierra.
Entrent LOUIS PEREZ, ISABELLE, DOÑA JUANA et MANUEL.
louis.

Cette haute montagne, dont le front sourcilleux semble toucher le ciel, doit être notre défense et notre rempart ; et puisque les lâches qui en si grand nombre attaquèrent deux hommes seuls dans une occasion si favorable n’ont pu nous arrêter dans la maison du juge, qu’ils perdent l’espérance de se venger de moi. On ne sait pas où je suis retiré et l’on me cherchera ailleurs ; car personne n’ira croire que j’ai demandé un asile à un bois fermé et sans issue. — De ce côté est la ville ; de l’autre, la nature intelligente a placé comme un rempart de rochers au bas duquel le Miño, en guise de fossé, roule ses ondes argentines. C’est ici qu’il faut nous établir. Les fourrés de ce bois seront une sûre retraite pour ta femme et ma sœur, qui, de leur présence, vont embellir ces lieux sauvages. Quant à nous, la nuit nous pourrons nous retirer dans ce hameau qui s’élève là-bas sur ce rocher, bien assurés que ce n’est pas là qu’on nous