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JOURNÉE II, SCÈNE III.

gui conviennent à votre âge ? N’est-ce pas une chose qui se voit tous les jours ?

le juge.

Aussi n’est-ce pas là l’essentiel. Ce qu’il y a de plus important, c’est la rébellion à la justice, c’est la blessure faite à un corrégidor par un malheureux, un insolent, nommé Louis Perez, un misérable, un scélérat, qui ne vit ici que de meurtres et de crimes. Mais qu’ai-je dit ? Il est imprudent à moi de parler ainsi et de montrer ma pensée sans savoir qui vous êtes. Veuillez, je vous prie, me dire votre nom et ce que vous voulez ; car, avant tout, il faut savoir avec qui l’on couse.

louis.

Volontiers, je n’ai rien à cacher.

le juge.

Dites-le donc.

louis.

Louis Perez.

le juge.

Holà ! quelqu’un !


Entre MANUEL.
manuel.

Me voici, seigneur ; que voulez-vous ?

le juge.

Qui êtes-vous ?

louis.

Un ami à moi.

manuel.

Et tellement votre serviteur, que tant que je serai ici, nul autre ne vous servira que moi.

louis.

Que votre seigneurie ne se trouble pas, et, je vous en prie de nouveau, asseyez-vous. Nous avons beaucoup à causer.

Manuel sort.
le juge, à part.

Il est de la prudence de ne pas aventurer ma vie avec ces enragés, qui, en outre, ont probablement du monde avec eux. (Il s’assied. Haut.) Eh bien ! Louis Perez, que voulez-vous ?

louis.

Seigneur, après avoir été quelques jours absent de ce pays, j’y suis revenu aujourd’hui ; plusieurs personnes avec qui j’ai causé m’ont assuré que vous aviez commencé une instruction contre moi ; mais malheureusement lorsque j’ai demandé ce que contenait cette instruction, les unes m’ont dit une chose, les autres une autre. Alors sans mon impatience de savoir au juste ce qui en est, je n’ai rien trouvé de mieux que de venir le demander à celui qui est le