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JOURNÉE II, SCÈNE III.

pedro.

Vous feriez mieux de commencer par un autre. Vous finirez par moi.

louis.

Comment te trouvé-je ici ?

pedro.

Écoutez-moi, je vous dirai la vérité. — Voyant qu’il était nécessaire, indispensable…

louis.

Eh bien ! achève.

pedro, continuant.

Que vous vinssiez en ce lieu. — je me suis mis en route tout de suite pour m’y rendre, me conformant ainsi à l’ordre que vous m’aviez donné de ne pas vous montrer ma figure.

louis.

Et tu crois de la sorte…

pedro.

Sans doute, puisque vous me suiviez par derrière.

louis.

Meurs, infâme !

pedro, tombant.

Je suis mort !… Aye ! aye !

louis.

Maintenant, viens, suis-moi. Je m’engage à te tirer de tous ces dangers. (À part.) Mettons-la d’abord en lieu sûr, enlevons la par avance à l’incendie de cette Troie qui sera bientôt en flammes, et ensuite, vive Dieu ! l’on se souviendra de Louis Perez de Galice.

Ils sortent.
pedro, se relevant.

Ah ! bienheureuse mort ! c’est toi qui m’as sauvé, et tu as été vraiment pour moi une invention sainte et divine. Oh ! qu’il a raison celui qui se recommande à toi !… Et puisqu’ils sont tous deux partis, moi à mon tour je vais filer, filer comme une étoile, en bénissant trois fois le miracle qui a détourné de mon sein l’épée de ce démon !


Scène III.

Entrent LE JUGE et UN DOMESTIQUE.
le juge.

Portez dans cette salle, où il fait plus frais, une table, une écritoire et tous ces papiers. (À part.) Il faut que je les examine avec soin, que je pèse les dépositions, que je voie enfin ce qui me reste à faire.