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LOUIS PEREZ DE GALICE.

isabelle.

Comment donc, mon frère, t’es-tu hasardé à venir ici ? Ne crains-tu pas la sévérité de ce juge qu’on a envoyé de la capitale pour procéder contre toi, et qui déjà, pour ta résistance à la justice…

louis.

Achève donc.

isabelle.

…T’a condamné à mort.

louis.

C’est le moindre de mes soucis ! Déjà profondément blessé, ea cœur déchiré des outrages que tu m’as faits, je ne crains pas de mourir.

isabelle.

Je ne te comprends pas.

louis.

Il est inutile d’en parler, il suffit que j’y porte remède ; et puisque c’est le dessein qui m’amène, sois tranquille, j’en viendrai à bout. Cependant il faut que je sache d’abord où en est ce juge. Que s’est-il passé ? Quelles charges y a-t-il contre moi ?

isabelle.

Je ne sais que peu de chose, c’est que tu as été sommé de comparaître à cri public, que tous tes biens ont été mis sous séquestre, et qu’on me laisse à moi une faible somme à titre d’aliments. Mais du procès même je ne sais rien.

louis.

Ne te trouble pas ainsi, ma sœur. Je suis venu te chercher. Pauvre et sans protection, tu ne peux rester ici.

isabelle.

Tu as raison ; je ne veux pas être exposée aux insultes de quelque insolent à qui son audace ou son argent pourrait faire ouvrir ma porte.

louis.

Ton langage me rassure sur ce point. Mais un autre souci me préoccupe encore.

isabelle.

Et lequel ?

louis.

C’est de ne pas savoir ce que le juge a écrit contre moi, et je ne puis pas partir sans cela.

isabelle.

Comment le sauras-tu ?

louis.

Le moyen le plus simple, c’est de consulter l’original ; et puisque aussi bien je dois être banni, vive le ciel ! il faut au moins que ce soit pour quelque chose. (À Pedro.) Ainsi, traître, pour commencer, à nous deux !