Scène V
Votre majesté a bien vengé mon injure, en mettant à mes pieds cette femme odieuse ; et avec de si beaux commencements, il m’est permis d’espérer un règne triomphant.
Le roi très-chrétien Henri VIII, qui est par ses mérites au-dessus de la couronne d’Angleterre d’ailleurs si glorieuse, — voulant donner satisfaction à ceux qui pensent que la reine Catherine n’était pas notre légitime reine, désire qu’il soit prêté serment à l’Infante Marie, son unique héritière. En conséquence il dégage de toute obéissance envers sa propre personne les grands et les hommes titrés de son royaume, et il ordonne comme roi, comme chef suprême de l’État et de l’Église[2], que l’on procède au serment. Tout le monde consent-il à le prêter ?
Oui, tous, tous, nous obéissons.
Votre altesse va jurer d’abord de remplir ses obligations, à savoir : de maintenir ses vassaux en paix, fût-ce aux dépens de son propre repos ; de ne rien changer aux coutumes et à la religion de ce pays ; de s’entendre, à l’amiable, avec Rome et son représentant touchant les nouveautés introduites ; enfin de ne pas reprendre aux séculiers les rentes ecclésiastiques, et de ne rien faire, d’une manière directe ou indirecte, pour les restituer à l’Église… Une fois que votre altesse aura prêté serment, toute la noblesse lui prêtera serment de fidélité.
Eh bien ! j’aime mieux ne jamais régner. — Sire, est-ce que votre majesté veut que je prête ce serment ?
Le royaume le demande, et cela est conforme aux usages,
Je ne puis prêter un pareil serment, alors même qu’on m’offrirait l’empire du monde. — Et puisque votre majesté connaît la vérité, qu’elle ne souffre point qu’on sacrifie la loi de Dieu à la