Page:Calderón - Théâtre, trad. Hinard, tome III.djvu/363

Cette page a été validée par deux contributeurs.
353
JOURNÉE III, SCÈNE I.

anne.

Un homme qui m’a parlé avec insolence,

le roi.

Que dites-vous là ?… un homme a outragé la divinité que j’adore ? un homme a été assez hardi pour vous manquer de respect ?… J’ai pu entendre pareille chose !… Je veux savoir son nom. Achevez.

anne.

Je n’ose vous dire que cet homme, c’est…

le roi.

Qui donc ?

anne.

Le cardinal Wolsey.

le roi.

Quoi ! Wolsey vous a offensée, et c’est de lui que vous vous plaignez ? — J’avais de l’affection pour lui ; mais une fois qu’il vous a déplu, je ne saurais l’aimer. — Allez-vous en, qu’on ne vous voie pas avec moi, et croyez qu’aujourd’hui même Wolsey sera puni de son insolence.

anne.

Je vous baise les pieds. — (À part.) Si je réussis dans mes desseins, je pourrai me dire heureuse. Mais je ne serai satisfaite que lorsque je régnerai paisiblement sans avoir à craindre ni Wolsey ni Catherine.

Elle sort.


Entre PASQUIN.
pasquin.

Puis-je entrer jusqu’ici sans permission ?

le roi.

Qui te l’a refusée ?

pasquin.

Un personnage qui quelque beau jour vous la refusera à vous-même. Oui, si cela passe par la tête du cardinal Wolsey, il vous exilera comme il m’a exilé.


Entrent les DEUX SOLDATS.
premier soldat.

Sire, c’est vous qui êtes mon roi. Si je vous ai bien servi, si pour votre service j’ai cent fois risqué ma vie, d’où vient que le cardinal méconnaît mes droits et me maltraite ?


Entre WOLSEY.
wolsey, aux Soldats.

Qu’est ceci ? ne vous ai-je pas déjà défendu d’entrer ? Pourquoi braver ainsi ma défense ?

le roi.

C’est bien, cardinal… c’est bien, Wolsey, il suffit.