n’est point légitime, mon maître ne voudra pas sans doute épouser la princesse. — Retournons en Fiance ; laissons se terminer ce divorce, et puis, je reviendrai au plus tôt célébrer mon mariage.
Marie ?
Madame !
Embrassons-nous pour la dernière fois.
Hélas ! que puis-je vous dire au moment où je vous perds ? — Que mes larmes vous parlent pour moi.
Madame, le roi vous attend.
Quoi ! vous ne m’accordez pas un moment de répit ? — Vous ne craignez pas, tyran cruel, de détacher la vigne de l’ormeau ? — Adieu, ma fille.
Adieu, madame.
Que le ciel pitoyable vous rende plus heureuse que ne l’a été votre mère. — Cardinal, au nom de Dieu, qui est le juge suprême, je vous en conjure, conseillez bien le roi.
Le roi est un prince éclairé ; il n’a nul besoin de mes conseils, et je n’ai que peu d’influence sur lui. — Pardonnez moi si je vous ôte ce dernier plaisir.
Oui, je vous le pardonne, bien que je voie avec douleur la brebis innocente au pouvoir du loup dévorant. — Seigneur de Boleyn, les cheveux blancs inspirent le respect à la jeunesse : montrez au roi toute sa faute.
Le roi est d’un caractère emporté ; et je n’oserais m’exposer à sa fureur. — Dieu vous console, madame ; mais je ne puis risquer ainsi ma vie.
Anne, puisque la beauté a le privilège de toucher les cœurs les plus insensibles, allez au roi, parlez-lui avec bonté en ma faveur, portez-lui mes soupirs, dites-lui ma douleur et mes larmes. (Anne