lumière et ténèbres, et tu excites tout à la fois mon amour et ma crainte.
Sire, dissimulez.
Est-il en mon pouvoir, dans le trouble où je suis ? (À Anne, à demi-voix.) Charmante Anne de Boleyn, levez-vous. Si le ciel a voulu que je vous aie laissée un moment à mes pieds, c’est qu’un trouble inconnu s’était emparé de tout mon être. Mais ce motif ne saurait me justifier ; car ce n’est pas la première fois que je vous vois… Levez-vous donc.
Si de votre main vous m’aidez à me lever, sire, je puis monter jusqu’au ciel. Mais non, ceux qui sont à vos pieds ont assez d’honneur, et ne doivent pas prétendre à une plus haute sphère. (À part.) Suis-je assez humiliée ?
Vous avez autant d’esprit que de beauté.
J’envierais sa faveur, si l’envie pouvait pénétrer jusqu’à moi.
Je serais jalouse, si ma tendresse pouvait concevoir de la jalousie.
Songez-y, de grâce, madame, vous faites injure à ma reconnaissance.
Oui, toutes deux peuvent être jalouses, surtout, madame, quand elles voient votre beauté divine.
Anne de Boleyn, vous entrez au palais sous une étoile favorable. Plaise à Dieu — car c’est là l’essentiel, — que vous en sortiez aussi heureusement !
JOURNÉE DEUXIÈME.
Scène I.
Calmez-vous, sire.
Cela m’est difficile. Celui qui aime d’un fol amour ne trouve de calme que dans sa douleur et de soulagement que dans ses larmes.