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JOURNÉE I, SCÈNE II.

charles.

Lorsque le sort jaloux m’enlève toutes les occasions de vous voir, je n’ai qu’une consolation ; c’est de savoir que vous m’avez conservé une place dans votre mémoire.

anne.

Aimez donc, et soyez fidèle ; car cette place, vous l’avez toujours.

charles.

Hélas ! dans l’amour on craint, dans l’absence on s’inquiète, et celui qui ne se reconnaît aucun mérite a bientôt perdu l’espoir.

anne.

Quand on est aimé, on ne doit avoir nulle crainte.

charles.

Eh bien, qui est aimé ?

anne.

C’est Charles.

charles.

Qui est distingué par vous ?

anne.

Celui qui tient en sa main ma volonté.

charles.

Qui est constant ?

anne.

Celui qui surmonte tous les obstacles.

charles.

Et comment ?

anne.

Par l’amour.

charles.

Voici mon cœur.

anne.

Votre cœur aime donc ?

charles.

Oui.

anne.

Et qui donc ?

charles.

Vous le savez.

anne.

Il ne changera pas ?

charles.

Jamais.

anne.

À qui êtes-vous ?

charles.

À vous pour toujours.

anne.

Et où est la garantie ?