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LOUIS PEREZ DE GALICE.

deuxième soldat.

Nous désirons tous vous servir.

Les Soldats sortent.
pedro, à part.

Le voilà seul, l’enseigne ; profitons de l’occasion.

louis, à part.

Sur ma foi, je serais trop heureux dans cette position, si je n’avais toujours là un souci qui me ronge le cœur !

pedro.

Seigneur enseigne ?

louis, à part.

Faut-il que j’aie laissé dans un tel péril une fille si belle et si résolue !

pedro.

Seigneur enseigne ?

louis, à part.

Je serai bien avancé quand j’aurai acquis quelque renom par mon courage, si d’un autre côté le ciel veut que mon honneur soit flétri !… Toutefois, dans mon malheur une consolation me reste. Un ami…

pedro.

Seigneur enseigne, si vous pouviez bien un moment…

louis, à part.

Un ami sûr et fidèle est dans ma maison, et veille pour moi.

pedro, à part.

Sans doute il est sourd de cette oreille. Allons de l’autre côté. (Criant.) Seigneur enseigne ?

louis.

Qui m’appelle ?

pedro.

Un soldat qui voudrait… (Reconnaissant Louis Perez.) Mais non… non, non… Il ne veut rien, le soldat… Et s’il a dit qu’il voulait quelque chose, il a menti, ou il s’est trompé comme un sot.

louis.

Attends, misérable, attends ! Ne t’avais-je pas dit de ne plus te trouver jamais sous mes pas ?… que je te tuerais partout où je te rencontrerais ?

pedro.

Il est vrai. Mais comment pouvais-je croire que je vous retrouverais aujourd’hui enseigne à San-Lucar ?

louis.

Vive Dieu ! il faut enfin que tu sois châtié : car c’est toi la cause première de tous mes ennuis.

pedro.

Au secours ! on me tue !