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LE PRINCE CONSTANT.

prétendrait obtenir le retour de son frère s’il ne me rend Ceuta. (À Fernand.) Maintenant votre altesse, à laquelle je dois ce que j’ai d’honneur et de gloire, me suivra à Fez.

don fernand.

Tous les pas que je ferai vers ma prison m’approcheront de la sphère divine où j’aspire.

muley, à part.

Hélas ! Dieu puissant, n’avais-je pas assez de mes soupçons jaloux pour m’affliger ?

don fernand.

Henri, je demeure prisonnier, sans craindre ni les tourments de la captivité ni les rigueurs de la fortune. — Vous direz au roi notre frère que dans mon malheur il se conduise comme un prince chrétien.

don henri.

Ne connaissez-vous pas sa générosité ?

don fernand.

Dites-lui, je vous le recommande, qu’il se conduise en roi chrétien.

don henri.

C’est aussi en prince chrétien que je reviendrai.

don fernand.

Embrassez-moi.

don henri.

Tout prisonnier que vous êtes, vous m’enchaînez.

don fernand.

Adieu, don Juan.

don juan.

Non pas ! je veux rester auprès de vous.

don fernand.

Loyal ami !

don henri, à part.

Funeste entreprise !

don fernand.

Vous direz au roi… Mais non, ne lui dites rien… Qu’il sache seulement mes regrets

Tous sortent à l’exception de Brito et de deux Mores.
premier more.

Voici un de ces chrétiens morts.

deuxième more.

De peur de la peste, jetons-le à la mer.


BRITO, se relevant et les chargeant.

C’est moi qui vous y enverrai à fendant et à revers : car un Portugais mort n’en est pas moins un Portugais !