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JOURNÉE I, SCÈNE III.

don fernand.

Un homme noble… rien de plus.

muley.

Ta conduite le prouve bien. Qui que tu sois, dans le bonheur ou le malheur, je suis ton esclave à jamais.

don fernand.

Monte à cheval ; il est déjà tard.

muley.

Si tu t’en aperçois, que sera-ce de celui qui était captif, et qui retourne libre vers sa dame ?

Il sort.
don fernand, à part.

Il est bien de donner, — et surtout de donner à un homme la vie et le bonheur.

muley, du dehors.

Brave Portugais !

don fernand.

Il m’appelle… Que veux-tu ?

muley.

J’espère m’acquitter un jour de tant de faveurs.

don fernand.

Ma satisfaction est dans ta joie.

muley.

Un bienfait n’est jamais perdu. — Qu’Allah te garde, noble Portugais !

don fernand.

Si Allah est Dieu, qu’il t’accompagne ! (On entend un bruit de tambours et de trompettes.) Mais quel est ce bruit qui trouble ainsi les airs ? D’un côté ce sont les tambours… de l’autre les trompettes… musique de Mars.


Entre DON HENRI.
don henri.

Ô mon frère ! ô Fernand ! j’accours à la hâte vous chercher.

don fernand.

Qu’avez-vous à m’apprendre, Henri ?

don henri.

Ce bruit que vous entendez ce sont les armées de Fez et de Maroc. Tarudant est allé au secours du roi de Fez, et celui-ci, plein d’orgueil, vient nous attaquer. Nous sommes entre deux armées, assiégeants et assiégés à la fois, et si nous attaquons d’un côté, nous pourrons de l’autre difficilement nous défendre. — De toutes parts les éclairs de Mars nous menacent de la foudre. Que faire en un si grand péril ?

don fernand.

Que faire ? mourir en hommes de cœur, avec constance — Ne