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LES TROIS CHÂTIMENTS EN UN SEUL.

doña violante.

Il est tout excusé auprès de moi. (À part.) Et cela par la raison que moi seule suis coupable.

doña blanca.

Ah ! malheureux ! je croyais avoir trouvé le moyen de l’empêcher de sortir, et, tout au contraire, je lui ouvre la porte. Que faire ?

doña violante.

Je tremble qu’il n’arrive un malheur.

On entend un cliquetis d’épées et la voix de don Lope et celle de don Guillen.
don guillen.

Voilà, traître, comment on châtie un ami perfide.

don lope.

Vous pouvez être jaloux, mais vous n’avez pas été trahi.

urrèa.

Que veut dire ce bruit ?


Entrent ELVIRE et BÉATRIX.
elvire.

On se bat dans la rue.

béatrix.

C’est mon maître. (À Lope.) C’est votre fils, seigneur, qu’attendez-vous ?

urrèa.

En effet, Blanca, je m’étonnais qu’il fût resté un jour tranquille. La tendresse paternelle me dit d’aller voir, bien que je ne me mêle jamais de ses affaires qu’à contre-cœur.

Il sort.

Scène II.

Une rue de Saragosse.
Entrent DON GUILLEN et DON LOPE, l’épée nue, quelques Cavaliers qui cherchent à les séparer, et LOPE DE URRÈA.
urrèa.

Arrête, Lope. Arrêtez, don Guillen.

un cavalier.

Voyez que nous sommes entre vous deux.

don guillen.

Ami perfide.

don lope.

Vous seul êtes perfide, vous qui…

urrèa.

Comment ! malheureux, tu ne peux pas te modérer en ma présence !

don lope.

Pensez-vous donc que je me laisse ôter par vous l’honneur que vous ne m’avez pas donné ?