Dans le trouble où j’étais en vous donnant ce couteau je me suis blessé à la main : et maintenant, en le voyant dans votre main à vous, je frémis, je tremble ; car, bien que vous ne me montriez ni inimitié ni colère…
Songez donc que c’est là une folle idée inspirée par le trouble où vous êtes, et que je suis incapable…
À la montagne ! à la vallée ! au chemin !
Les voici qui approchent.
N’attendez pas plus longtemps, partez ; toute mon âme est émue en voyant le péril qui vous menace.
Si je m’éloigne, c’est à cause de la crainte que vous témoignez en ma faveur, et non pour le danger que je cours. (À part.) Ô illusion ! que de choses m’a fait voir un seul instant !
Allons à leur rencontre, afin qu’ils n’avancent pas davantage. (À part.) Ô destin ! que de choses tu m’as rappelées à la mémoire !
Jamais je ne me serais imaginé le crime si aimable… Ô souvenir ! que de choses j’emporte à rêver en moi-même !
Scène II.
Comme depuis ma première enfance j’ai été l’ami de don Lope, ce serait mal à moi, en voyant votre affliction, de ne pas m’informer si vous avez quelque ordre à me donner ? En quoi pourrais-je vous servir ?
Je vous suis fort reconnaissant de l’intérêt que vous me témoignez. — Combien y a-t-il de temps que vous êtes de retour ?
Je suis arrivé hier en Aragon. Je suis venu de Naples pour suivre ici une certaine prétention.
Pour moi, je voudrais parler au roi aujourd’hui, bien que je n’espère guère ; qu’il m’accorde ce que je désire.
Eh bien ! voici que le roi vient de ce côté.