Moi ! un homme de ma sorte avoir peur !
Eh bien, alors approchez.
Il n’y a plus à hésiter. (Haut.) C’était de ma part, mesdames, respect et courtoisie, et non pas crainte. Lucifer lui-même ne me ferait pas peur sous des habits de femme. Ce ne serait pas la première fois qu’il aurait revêtu ce costume : car c’est le démon lui-même qui, pour nous damner, a inventé les cotillons. Un beau jour, sous la forme d’une belle fille élégamment parée, il se montra à un berger. Celui-ci, dès qu’il la vit, fut enflammé d’amour. Il s’en donna à la diable. — Puis le démon, se montrant sous son horrible forme, lui dit ainsi d’une voix sévère : « Ne vois-tu pas, malheureux, quelle est de la tête aux pieds la beauté que tu as possédée ? Désespère donc, puisque tu as commis un tel péché. » Mais le berger, sans s’inquiéter de rien, lui répondit : « Si tu prétends, ombre trompeuse et vaine, effrayer un mortel, reviens par ici demain matin sous ta forme première, et tu me reverras non moins empressé et galant que tout à l’heure. Apprends par là que sous des habits de femme le démon même peut être aimé. »
Revenez à vous. Prenez de ces confitures et buvez ; les émotions excitent la soif.
Je n’ai pas soif.
Il faut vous lester ; car vous avez à faire deux cents lieues.
Ciel ! qu’entends-je ?
On a frappé ?
Oui.
Quel tourment !
Quel ennui !
Isabelle !
Le ciel me soit en aide !
Ouvrez donc.
C’est don Louis. Mes deux frères se sont donné le mot.