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JOURNÉE III, SCÈNE II.

cosme.

Vous ne me croyez pas ? eh bien, sortez, allez jusqu’au portail… vous serez bientôt désabusé.

don manuel.

C’est bien… je vais voir.

Il sort.
cosme.

Ah ! messeigneurs, quand sortirons-nous de toutes ces fourberies[1] ?


Entre ISABELLE, par l’armoire.
isabelle.

Le seigneur don Juan est sorti… et afin que le seigneur don Manuel ne reconnaisse pas les lieux, je viens au plus vite le chercher. (Appelant.) Tst ! tst ! monseigneur !

cosme, à part.

C’est encore pis !… Tous ces tst ! tst ! me pénètrent jusqu’au cœur.

isabelle.

Maintenant monseigneur est couché.

cosme, à part.

De quel seigneur parle-t-on ?


Entre DON MANUEL.
don manuel.

En effet, c’est bien ici mon appartement.

isabelle, à Cosme.

C’est vous ?

cosme.

Oui, c’est moi.

isabelle.

Venez.

don manuel.

Tu avais raison.

isabelle.

Allons, n’ayez pas peur.

cosme.

Seigneur, voilà l’esprit follet qui m’emporte.

Isabelle prend Cosme par la main, et elle sort avec lui par où elle est entrée.
don manuel.

Ne saurons-nous pas enfin ce que tout cela signifie ? — Réponds-moi donc, imbécile ! — Cosme ! Cosme !… Je ne rencontre que le mur ! — N’était-il pas ici tout à l’heure ? ne parlais-je pas avec lui ? Où a-t-il déjà disparu ? — J’en perdrai l’esprit. — Mais bientôt quelqu’un va nécessairement entrer. — Il faut que je voie par où. — Je vais me cacher dans cette alcôve, et je me tiendrai là en observation jusqu’à ce que j’aie découvert cet esprit follet.

Il sort.
  1. Comme il arrive souvent aux graciosos de la comédie espagnole, Cosme évidemment s’adresse ici au public.