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L’ESPRIT FOLLET.

don manuel.

Qu’ordonnez-vous ?

angela.

Il faut vous cacher au plus tôt. (Bas, à Isabelle.) Conduis-le vite à cet appartement écarté. Tu m’entends ?

isabelle.

Oui, madame. (À don Manuel.) Allons, vite.

don juan, du dehors.

Eh bien ! ouvrira-t-on ?

don manuel, à part.

Protège-moi, ô ciel ! car il y va de mon honneur et de ma vie.

Don Manuel et Isabelle sortent.
don juan, du dehors.

Je vais jeter la porte à bas.

angela.

Retirez-vous, Béatrix, vous en avez le temps, dans cette chambre. Qu’il ne vous trouve pas ici !

béatrix.

Vous avez raison.

Elle sort.
angela.

Que venez-vous chercher ici, à cette heure ? quel tapage vous faites !

don juan.

C’est à vous d’abord de me répondre. Que signifie cet équipage ?

angela.

Les vêtements de deuil me remplissent de tristesse et de mélancolie, et j’ai revêtu ces habits pour voir si cela m’égayerait un peu.

don juan.

Il n’en faut pas douter : tous vos chagrins, mesdames, se guérissent avec des parures et des bijoux.

angela.

Qu’importe, puisque personne ne me voit ?

don juan.

Dites-moi, Béatrix est-elle retournée chez elle ?

angela.

Oui ; son père a oublié la querelle passée.

don juan.

Voilà tout ce que je voulais savoir, pour bien m’assurer où je devais aller lui parler cette nuit. Adieu ; et si vous m’en croyez, changez ce costume, qui ne vous convient pas.

Il sort.


Entre BÉATRIX.
angela.

Fermez cette porte, Béatrix.